EMERGENCE , Paris , 2013.

Une proposition de Erin Lawlor, Katrin Bremermann et Yifat Gat. 
text by Françoise Caille
Hôtel de Sauroy 58, rue Charlot 75003 - Paris. 13-27 avril 2013.

Alain Biltereyst, Amy Feldman, Andrew Seto, Claire Chesnier, Clem Crosby, Don Voisine, Erin Lawlor, Marine Pagès, Eve Ascheim, Paul Pagk, Fieroza Doorsen, Radu Tuian, Katrin Bremermann, Richard van der Aa, Kevin Monot, Sharon Butler, Michael Voss & Yifat Gat.

EMERGENCE
concept utilisé pour évoquer l’interaction de systèmes simples suffisant en nombre pour faire apparaître un certain niveau de complexité qu’il était difficile d’appréhender par l’analyse de ces systèmes pris séparément. Les territoires de l’abstraction ici présentés relèvent aussi d’une géologie particulière des systèmes. Les artistes, chacun à leur manière, utilisent comme point de départ la ligne et son lacis de convergence, presque topographique, et ainsi tracent, voire balisent, l’étendue de ses champs d’influence. Les sculpteurs, quant à eux, élargissent le principe territorial commun au groupe et fonctionnent presque comme des rhizomes.










Une tension forme-fond  
Biltereyst • Voisine • Voss • Feldman

Alain Biltereyst, Don Voisine, Michael Voss et Amy Feldman travaillent le rapport entre le fond et la forme en partant de figures simples qu’ils assemblent pour créer des structures plus complexes. Chacun à leur manière, ils défient la tension qui pourrait les rendre statiques. Biltereyst, le plus proche d’une géométrie stricte, laisse entrevoir les couches inférieures de matière et crée ainsi des vibrations de surface et une texture sensible. Voisine explore aujourd’hui la dynamique des angles afin de modifier les perceptions d’échelle et créer un champ visuel animé. Voss emboîte ou superpose des formes dont les limites imprécises trahissent le geste. Feldman déforme la rectitude et laisse place aux coulures et aux taches. Effets de matière, incision des angles, trouées dans la couleur, contours tremblés, lignes déviées... livrent l’essence d’une écriture vibrante.




 


 


 
Une architecture sensible de la ligne  
Doorsen • Gat • Aschheim • Pagk • Tuian 

Fieroza Doorsen, Yifat Gat, Eve Ascheim, Paul Pagk et Radu Tuian travaillent
un langage de constructions imprécises. Chez Doorsen et Gat, la ligne et la répétition sont des éléments dominants et construisent des univers subtils et poétiques.

Aschheim, dans ses dessins, peintures
et photogrammes, brise et démultiplie le trait, l’enveloppe de lumière, l’efface, le réduit,
le prolonge, lui insuffle un rythme musical,
le transmue en lignes urbaines ou végétales. De même, Paul Pagk et Radu Tuian,
chacun à leur manière,
tourmentent la ligne et la forme
pour tendre vers un renouvellement
constant de figures et de signes.








Le support en jeu 
Bremermann • Butler • Monot  

Chez Katrin Bremermann, Sharon Butler et Kevin Monot, le support joue un rôle déterminant. Il fait l’objet d’une recherche ludique et fertile chez Bremermann. Il dévoile son envers chez Butler, qui montre les châssis, laisse les bords bruts et les agrafes visibles, et garde l’état froissé d’une toile de lin : l’ensemble produit un sentiment de work in progress, qui se livre dans toute sa dimension sensible et trouve un contrepoint dans une peinture bien ancrée. Les supports de Monot émergent d’une collecte personnelle d’objets qui ont déjà vécu, papiers, cartons, feuilles en tout genre, dont il exploite le grain, la trace, l’accident... Les ruptures, obliques, pans coupés, débordements de Bremermann et l’aspect brut et inachevé de Butler sont souvent compensés par une douceur des formes et des couleurs. Une tendresse identique se produit chez Monot par le recours à l’effacement, le regard sur la tache, la pliure, la rature,
une couleur effacée, tout un répertoire délicat de la fragilité.





Les champs de la structure  
Chesnier • Van der Aa • Pagès  

Jean-Michel Alberola dit des œuvres de Claire Chesnier : « Ce n’est pas un travail d’alchimiste, mais de maçon ou de moine. Le reste lui appartient. » Précisément, son travail est tendu entre des formes massives et angulaires, où même la courbe est architecturale, et un subtil travail à l’encre où s’opère ce qu’elle nomme un « revoilement ». Liées aussi à l’architecture, les sculptures de Richard van der Aa et de Marine Pagès sont distinctes. Le premier recourt à un minimalisme de la forme. La seconde crée des ossatures abstraites et complexes, de soutien, d’emboîtement ou d’empilement. Ses dessins peuvent être perçus comme des illustrations ou des sortes de plans qui interrogent la notion de territoire.





 

La peinture comme territoire  
Lawlor • Crosby • Seto

L’idée de territoire est évoquée par Erin Lawlor. Son travail au sol d’une matière très diluée
« pose la peinture dans une position de territoire et non de fenêtre. Un territoire qu’on s’approprie [...] qui se laboure et s’élabore à la fois1. »

Le travail de ces trois artistes
porte en commun la trace de l’instrument, l’épaisseur du trait, une gestuelle contrôlée source de tension et la construction d’un espace court induit par la couleur.
Nous sommes dans « la capture de l’animé »,
qui se fige à un instant donné, mais reste éminemment vivant.

1. Erin Lawlor, Anima, Espace Mezcla, Rouen, sept-nov 2012.
Cette exposition propose d’explorer
quelques lignes, en filigrane, de l’abstraction actuelle dans sa liberté renouvelée,
où ce qui émerge du processus de création,
en peinture, en dessin comme en sculpture, relève de l’anticipation autant que de la mémoire.


Contact presse :   Françoise Caille / francoisecaille@wanadoo.fr   
Contact rendez-vous : Katrin Bremermann : 06 15 59 13 74

http://emergencesystem.blogspot.fr

conversation with Sharon Butler *



YG: looking at the work,  two elements jump first,  the structured images and the way you treat the canvases. do you consider them as two parallel layers of information, or are they both part of a bigger idea?

SB: Whether the canvas is carefully stretched over handmade stretchers and obsessively primed, rumpled and tacked to the wall, or bought pre-made, the support (or lack thereof) is integral to each piece.


Brightly Colored Separates 2, 2010, oil on canvas, 30" x 40"

Back in 2010, after years of making my own supports or choosing pre-made materials for conceptual reasons, I made a series of 30 x 40 inch paintings on standard, pre-stretched canvas that took the object out of the equation.


Yellow and silver HVAC (Stencil), 2013
pigment, silica binder, staples, stretchers, on canvas, 18 x 14 inches.

Left with only the image, I realized how important the tension between support and surface was for me, so I returned to stretching the canvases myself. I started thinking more consciously about the process of building, and that led to a new series of paintings featuring  unstretched and ill-fitting canvas with staples on the front. I still use cheap pre-stretched canvases on occasion-- I imagine them as paintings I might find in a thrift shop or at a flea market.


google image

In terms of imagery, I’m generally interested in my surroundings. The geometric shapes in recent work reference the odd rooftop structures and makeshift architecture in Bushwick where I had a studio last year.


Ralston Crawford (American, 1906-1978), Turbine Shafts, Coulee Dam #2, 1971, oil on canvas, 20 x 30 inches, Kemper Museum of Contemporary Art, Kansas City, MO


I am like the Precisionists, a group of American painters in the early 20th-century who painted the industrial landscape, but the optimism inspired by industrialization and modern progress back in the day is long gone.

Stacked Vent, 2013.
pigment, binder, staples, stretchers and linen tarp. 18 x 12 inches

YG: yes, its about 'the tension between support and surface'. so the third element would be your choice of colors. they appear to be soft but their not actually. more nuanced monochromes than full colors. would you like to comment on your use of color?

SB: I make my paint by combining pigments with a silca binder, which enables me to make very thin but highly pigmented colors. The palette, which I think of as dirty pastel, references the worn out colors of the buildings, streets and walls in Bushwick.